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Donnerstag, 20. Juli 2017

KPR - 3 : Jour 104 I Vlaska - Paracin

J'ai quitté la famille qui m'a accueillie. Le père travaille partiellement en France, après des années dans toute l'Europe. La maman, roumaine, reste en Serbie avec le beau-père et les enfants. Elle tient un magasin de deuxième-main dans la ville d'à-côté. Et justement, dans cette ville, je ne peux pas passer inaperçue. Je m'installe dans un café et prends connaissance des nouvelles. Je règle quelques affaires. J'ai siroté bien quelques cafés, dépensé quelques heures et au moment où je veux régler l'addition, la serveuse me dit que c'est offert. La patronne trouve ce que je fais formidable et veut m'offrir toutes les boissons. Mais comment le sait-elle?

Ce matin, je n'ai pas pipé mot car je voulais me concentrer. Elle me dit que des gars du café m'ont vue le soir précédent dans le village. OK! Tout est clair. Je ne passerai plus incognito. Puis la serveuse m'indique un musée pas très loin. J'y vais, toute contente. Le directeur, plus jeune que moi, graphiste à côté de sa première fonction, m'accueille et m'accorde de son temps dans son bureau.



Il m'offre des chocolats "mon chéri" et me montre des photos de lui, lorsqu'il n'endosse pas le rôle de directeur. Je suis heureuse de voir une exposition de trois professeurs de l'Académie de Nis. Puis, un prochain rendez-vous en poche, je bouge mon corps en direction de la prochaine destination.

Tout juste arrivée en ville, un monsieur m'interpelle et me propose un verre d'eau. Dojan gère un "car wash" avec son fils Zvonko. J'accepte tout en étant un peu sur mes gardes. Si je m'arrête trop longtemps, je manquerai mon rendez-vous. Je demande de passer un coup de fil au galeriste. Zvonko le fait pour moi. En effet, la personne en question n'est plus là. Il y a eu un malentendu. Il m'attendait jusqu'à 17h et moi, j'ai compris que je pouvais arriver après 17h. Mince. Merde.

Je suis énervée lorsqu'une opportunité m'échappe. Surtout dans une région où les institutions sont rares, ça m'énerve vraiment. Zvonko me dit que c'est honteux de la part de cette personne de ne pas m'avoir attendue, sachant que je suis à pied. Dojan m'invite chez lui, chez eux. J'accepte.



Je passe la soirée avec Zvonko qui me parle de la situation de la ville, de la situation avec son père qui veut à tout prix qu'il se marie et ait des enfants. D'ailleurs, à moi aussi, à plusieurs reprises, il me parle de l'importance d'avoir des enfants, qu'une femme doit avoir une famille pour ne pas devenir "égoïste". J'ai un autre point de vue. Je lui explique que l'art peut être aussi une forme d'héritage qu'on laisse et que des projets peuvent devenir des "bébés". On reste campé sur nos positions. Zvonko me parle de ses envies de devenir prof d'anglais ou guide touristique. Il connaît la ville, il parle parfaitement l'anglais (qu'il a appris en regardant "cartoon network"), il a de l'humour et une sacrée bonne énergie. D'ailleurs, il organise un festival de techno-house. La musique est tout pour lui. Son père, Dojan, a beaucoup de peine à comprendre sa passion. Il pense que c'est du temps perdu. J'aimerais l'aider, j'aimerais faire comprendre au père que son fils a un grand potentiel et que ce serait dommage de ne pas en faire profiter d'autres personnes, que reprendre le "car wash" n'est peut-être pas le meilleur des chemins pour s'accomplir. On échange nos opinions encore au petit-déjeuner. Zvonko me dit de ne rien lâcher et que je luis fais penser au Santiago de l'Alchimiste, de Paulo Coelho (quête de la transformation des matériaux précieux). D'ailleurs, ils parleront de mon projet toute la journée et Zvonko utilise l'exemple de Santiago pour essayer de faire comprendre à son père sa vision des choses.


Comme quoi, mon rendez-vous manqué m'a offert une rencontre essentielle, dont j'espère qu'elle portera ses fruits à long terme.

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