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Donnerstag, 13. Juli 2017

KPR - 3 : Jour 97 I Belgrade - Vrcin

Il y a des jours où tu n'avances pas beaucoup. Non à cause de la chaleur, encore moins à cause du chemin, mais tout simplement parce que tu te fais accoster à tous les coins de rue. Et même dès le premier!
J'ai à peine parcouru 20 mètres qu'un gars me parle et m'invite à découvrir un hobby qu'il partage avec d'autres collègues: réparer, monter, recréer des voitures anciennes. Celles des années 50, 60 et d'autres. Celles qui ont emmené John F. Kennedy ou encore Tito. De belles MUSTANT, CADILLAC et d'autres perles du temps passé. Je suis conduite à leur garage et j'apprends que toute l'équipe s'adonne à ce domaine par passion, à côté de professions faisant office de gagne-pain. Ce sont des autodidactes. L'un d'entre eux vient me voir en m'expliquant que "oui, réparer et recréer ces bijoux peut être de l'art, ou du moins il y a des similitudes". Preuve en est: Il faut du temps, des nerfs et de l'amour. Parfois, il leur faut cinq ans pour une seule voiture.

Je suis heureuse de cet échange et je commence ma journée. Belgrade se fait lentement petite au loin derrière moi, surtout quand j'atteins une certaine hauteur. Je sens que les prochains jours il me "faudra travailler de la cuisse", car le plat est désormais du passé. Une pause s'impose. Après m'être requinquée, un monsieur m'interpelle, puis sa femme. J'accepte un café. Je sens que ça va être plus long. J'accepte le melon, j'accepte d'échanger nos contacts. Et je ne sais pas encore si j'accepte de marier leur fils Dragan. En effet, la maman a tout un plan pour moi. Pas seulement un plan, je recevrais encore une voiture, la maison et peut-être le garage? Ils sont chou et attachants. Les deux jeunes voisins qui parlent anglais viennent faire les interprètes. Puis arrivent leur mère et la grand-mère. Apparemment, il y a aussi un cousin ou oncle encore célibataire que je pourrais marier. Bon, j'ai au moins le choix… Merci pour votre générosité. Je reviendrai pour voir vos fils, Mesdames, et on verra!

Les deux jeunes m'accompagnent un bout de chemin en me parlant de la guerre en 1999 et comme l'OTAN a bombardé la région. Ils me mettent en gade de ne pas traverser les bosquets et forêts, à cause des serpents, et  de rester sur les chemins. J'aime les paysages, j'aime ces maisons assez simples et petites. Beaucoup d'entre elles paraissent ne pas être terminées. Briques rouges et balcons sans barrières sont la règle. Ce maisons sont éparpillées dans le paysage, dans les vallées, comme si personne ne planifiait "les zones à bâtir".
En face de ma soif, un café. Je m'arrête et une dame vient me servir, puis tout un petit groupe de filles (5) nous rejoignent. Ce sont ses petites-filles, il en manque une. Elle m'explique qu'ils sont 14 personnes à vivre dans la même maison. L'amour, c'est leur force. Et ça se voit. Les petites sont accrochées à leur grand-maman. Je fais la connaissance ensuite des mamans et du swimming pool. Mais non, je ne me baignerai pas. Bon, après avoir chanté en français "Je te tiens par la barbichette…", je continue ma route.

Finalement, j'arrive à mon but. Et même si j'aurais pu dormir à tous les endroits de mes pauses, ce n'est pas gagné pour trouver un artiste, ni même planter ma tente. Rien n'est EVIDENT. Après deux "échecs", je parle en allemand à un monsieur qui me dit connaître une jeune artiste! Il m'y amène. Il faut rebrousser chemin pour quelques kilomètres. La fille n'est pas là, mais la famille m'accueille et une des sœurs est aussi dans le domaine. C'est bon! Je suis intégrée dans la famille. J'apprécie la jeune grand-maman "BABA" (en serbe) qui s'est mariée à 16 ans! Je découvre les travaux, dessins académiques, de Milica, puis arrive Nevena. Elle est timide, mais derrière sa gêne, sensibilité et souffrance. Nevena a dû se battre pour étudier l'illustration et le graphisme à l'Académie à Belgrade. Avant cela, elle a fait quatre ans de droit (ses parents la voyaient plus dans la branche) et c'est sa prof de droit qui, l'ayant vu dessiner, l'a poussée à étudier l'art. Nevena fut la meilleure de la meilleure de sa génération, elle a gagné des prix, mais depuis la fin de ses études en 2014, elle cherche du boulot. Tant de sacrifices, et puis quoi? Elle déprime. Je comprends. Courage. Ne lâche rien.



Plusieurs personnes me disent: Les Serbes ont une âme. Oh que oui. Et comment.

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