Labels

Mittwoch, 26. Juli 2017

KPR - 3 : Jour 110 I Nis - Lipovica

On fait encore quelques mètres ensemble et puis vient le moment de se dire au revoir et peut-être à une prochaine fois. Non, je préfère dire : Je reviendrai en Serbie !
Dans la périphérie de Nis, il y a des églises orthodoxes qui se construisent même si en théorie, l'Etat et religion sont deux parties distinctes, en réalité c'est assez différent et il n'est pas rare de voir des prêtres rouler en BMW et autres bolides. Avant de quitter la ville, je vais observer quelques crânes datant de la défaite des Serbes contre les ennemis ottomans. Une tour de reliques pour rapeller la force et le pouvoir de l'occupant d'alors. Lamartine l'a dit : "Regardez comment vos pères ont terminé".


Je suis heureuse d'emprunter un petit sentier et d'arriver sur les hauteurs, je longe un immense cimetière, je chante à tue-tête, je respire le gaz des voiture et ... je rencontre Mauro.


Ce graphiste argentin fait le tour de l'Europe (ou du monde) à vélo. Cela fait une année qu'il a quitté son pays. Il a passé du temps en Espagne puis en Afrique du Nord (en attendant un visa) et est revenu traverser l'Europe. On se pose. On partage nos impressions, on vit des situations similaires. Il m'offre des cacahuètes, il me montre les petits cadeaux qu'il reçoit de la part de ses hôtes. Cela lui arrive de rester plusieurs semaines voir un mois au même endroit et cela gratuitement. Il me racontent comment un lien d'attachement se crée avec les gens qui l'accueillent : une famille avait les larmes aux yeux quand il a du partir. Il s'est également posé la question de ce qu'il donne. Il me répond que quand on est sur la route, on provoque du mouvement dans les consciences. Notre rencontre me fait penser à la liberté. Est-il plus libre que moi ? Il n'a ni limite temporelle ni géographique. Il s'arrête quand il veut, quand il sent que c'est juste. Cette définition de la liberté, je vais y être confrontée à plusieurs reprises. Marko de Leskovac me dit détester les "projets" car c'est trop restreint, trop fixe, comme un mariage. Pour ma part je crois qu'ill est nécessaire d'avoir un cadre, sinon ça partirait dans tous les sens sauf dans celui que je voudrais. Je pense aussi que la restriction permet l'approfondissement. A Lipovica j'ai une adresse en poche : Mirjana et Jovan Stantovic.

J'arrive assez tard dans le village, vers 20h30 et je demande mon chemin à la première maison. La fille m'accompagne et passe plusieurs coups de fil pour préparer ma venue. La maison du couple est fermée mais on apprend qu'ils sont à la maison de la culture. Surprise ! Surprise pour eux d'avoir une visite de la Suisse. Quel plaisir de parler en français et de se rendre compte qu'on vient du même coin : la Gruyère. Mirjana et Jovan ont vécu et travaillé à Marsens et depuis 4 ans ils passent leur retraite dans le village de leur enfance. Jovan me dit : "En Suisse on est Serbes, ici on est Suisses". Pas facile pour l'identité. Ils sont très actifs dans le village et font bouger les choses.


Ils investissent, questionnent et encouragent. Je reprends une expression de Jovan concernant les Serbes qui ont quitté le pays et reviennent pour la retraite mais n'ont pas vraiment changé. "Il a traversé l'Allemagne mais l'Allemagne ne l'a pas traversé". Chez Mirjana et Jovan, c'est le contraire. Ils ont profité de leur vie à l'étranger, se sont formés et se sont engagés dans leur terre d'accueil. Ils veulent maintenant, à leur échelle, transmettre une autre vision à leurs voisins et à la population de la région. Bravo et chapeau à vous ! Continuez votre mission pour que l'avenir aie une autre teinte et que la nouvelle génération aie le courage et la forcer de croire en elle. Et merci Mélanie Rouiller pour l'adresse de tes beaux parents :)

atelier de Mirjana Stankovic

Keine Kommentare :