Il fait chaud, très chaud. Je suis dans un village et je
sirote un café que le patron du magasin a voulu m'offrir. Les deux petits vieux
me fixent. Ils sont intrigués, mais ne cherchent pas la communication. J'ai du
mal à cerner les macédoniens. Je n'arrive pas à les "capter". Je ne
sais pas à quoi cela tient. Est-ce à cause des migrants qu'ils ont vus défiler sur
leurs routes? Est-ce à cause de la saison, préoccupés par les récoltes? Est-ce
à cause de la situation géographique, retirés dans les monts? Je n'ai
décidément pas le feeling avec cette culture, quoique de temps en temps, je
rencontre des hommes qui m'offrent de la pastèque. Je me demande si ça vient
peut-être de moi: trop habituée à la générosité précédente, je sens la fin du
trajet et j'ai peut-être une énergie différente? Bon, je continue et je
m'applique.
Les villages traversés sont encore plus pauvres que ce que j'ai vu
jusqu'à présent. Je suis choquée, mais j'apprécie aussi ce décalage. Quand je
demande quel espoir ils placent en l'avenir, on me dit: "Nos fils et nos
filles partent en Europe de l'Ouest pour avoir une meilleure vie". Partir!
Quitter la situation.
A Negotino, j'ai de la chance. Le directeur du musée est sur
le point de s'en aller, mais il m'accorde un entretien. Puis sa collègue me
fait visiter les trois parties du musée. Quand je demande au directeur
"vie ou survie?", sa réponse est claire: il est manager, il travaille
pour vivre.
On me donne le contact de Chendo, un artiste en ville. J'y vais, il
est là. Il a une grande énergie, mais notre entrevue est quelque peu chaotique,
en raison notamment de la langue. Je suis très heureux de l'avoir rencontré,
car ça devient vraiment rare! Je prends congé et me dirige vers un
"monastère" orthodoxe. Il est tenu par un monsieur qui sent le vin et
a le sens des affaires. Les monastères restent un mystère pour moi. Je n'ai pas
vraiment encore compris comment ça fonctionne. Le lendemain, j'assiste à la
réception d'un évêque. Son arrivée est magistrale, en carrosse dans la cour,
avec deux "servants" en soutane noire. On lui baise la main, tandis
que les prêtres l'entourent et chantent. Je pense à ce qu'on m'a dit en Serbie
au sujet de l'Eglise qui s'enrichit. Je les regarde et je n'ai pas vraiment
confiance.
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