Après une longue et enrichissante discussion avec Virag qui m'explique l'histoire de l'Ex-Yougoslavie je comprends qu'ici demander à quelqu'un quelles sont ses origines est totalement dérisoire. Je la quitte, reconnaissante d'avoir tant appris et je traverse le marché couvert, rempli d'étals de fruits et de légumes de saison. J'en profite pour me fournir en abricots, concombres et petits poivrons. Les gens sont amusés en me voyant avec mon bleu de travail. Pendant la journée j'ai provoqué le fou rire de deux femmes. Je ris avec elles, je ne sais pas vraiment pourquoi elle se marrent mais ce n'est pas important. Peut-être qu'elles ont une sorte d'humour décalé que l'on retrouve chez ceux qui ont survécu à une guerre et se réjouissent à présent des petits délires du quotidien.
Je vois des charrettes avec des chevaux, on dirait que ce moyen de locomotion a encore la cote. Je traverse les champs de céréales, de tournesols, je longe les arbres fruitiers ... après les cerises, je me gave de petites prunes, de mirabelles sauvages et d'abricots.
J'arrive dans le village de Stari Zednic et des touristes hongrois m'abordent et ils me disent qu'ils m'ont vue marcher depuis la frontière. Ils croyaient que j'étais un homme. Ils se montre curieux et intéressés par mon projet, je leur explique et puis je m'en vais en quête d'un nouveau campement. C'est dans le petit magasin que je trouve de l'aide. Une jeune fille m'emmène chez une mamie qui vit seule (elle vient de perdre son mari). Mais la mamie n'a pas envie que je campe dans son jardin. Finalement j'aurais le droit de planter ma tente devant une maison abandonnée. Ce qui me touche c'est cette jeune fille qui me parle de son rêve d'être cheffe de chantier ou ingénieure (si j'ai bien compris) et puis il y a aussi son cousin de 13 ans qui parle très bien anglais et très vite. Ils sont excités de m'avoir dans le village. Je suis la première touriste qui parle anglais et qui n'est pas folle. Oliver veut que je reste plusieurs jours et il me prouvera son attachement.
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